protection des données : guerre économique, le numérique est une arme stratégique

protection des données : guerre économique, le numérique est une arme stratégique

Cet article fait suite à l’affaire de suspicion d’espionnage entre la Chine et les Etats-Unis via Huawei. Dans ce cadre, Olivier Pavie propose de regarder le numérique d’une autre façon. Plus précisément comme une arme stratégique dans le cadre de la guerre économique qui se livre sur toute notre planète. La protection des données personnelles est au coeur de la menace.

Je reviens sur l’affaire Huawei qui ne montre qu’une partie émergée de l’Iceberg sur la protection des données. Et leur implication. Je compte montrer ici à quel point le numérique est stratégique. Notamment en termes de relations commerciales entre les états et leurs politiques. L’affaire Huawei, menée initialement par l’administration Trump, a fait cesser les relations commerciales entre Google et Huawei. Ceci a forcé le fabricant chinois de téléphones à trouver une autre option. Ceci pour remplacer le système Android de Google qui équipe ses téléphones. Le chinois va développer son propre système. Ce qui, dit en passant, n’est pas une mince affaire. Mais le plus important n’est pas cela. Là où cela va très loin, c’est que l’interdiction de travailler avec le chinois s’impose à toutes les sociétés américaines. Et ce n’est pas tout ! Y compris à toutes sociétés internationales qui utilisent plus de 25% de technologies américaines.

En matière de protection des données et d’espionnage

Donald Trump de son passage au Royaume-Uni fin mai a fait du bruit. Il a essayé d’imposer à la société Arm Holdings de cesser de travailler avec Huawei. Pourquoi ? Pour des raisons supputées d’espionnage… Et donc notamment de protection des données personnelles. Il faut savoir que ARM, compagnie anglaise, détient les brevets sur les processeurs ARM qui équipent 99% des smartphones. On peut ajouter qu’elle appartient à 75% au Japonais Softbank. Bref, avec un coup comme ça, le chinois pourrait tout simplement disparaître. Sauf que, rien qu’au Royaume-Uni, les réseaux mobiles d’opérateurs comme Vodafone s’équipent en grande partie de matériel fabriqué par Huawei. En raison du déploiment, notamment, de la 5G. Et le chinois équipe des réseaux d’opérateurs dans le monde entier, y compris aux états unis.

Hégémonie américaine ? De quel droit ?

Si on revient sur le fond, tout cela est incroyable. A quel titre Donald Trump pourrait-il imposer à une société anglaise comme ARM d’établir un black-out sur une compagnie chinoise ? Il tente de jouer la carte psychologique pour « renforcer sa bonne entente » avec la couronne d’Angleterre. Cette dernière n’ayant pas l’intention de réserver un mauvais sort à Huawei.La protection des données personnelles est au coeur de la menace sur la protection des données personnelles Le moins que l’on puisse dire c’est que cette affaire Huawei est un exemple en matière de guerre économique! Et d’importance sur la protection des données personnelles. Mais il y en a d’autres encore, plus stratégiques ! On n’y pense pas forcément du premier coup… Pourtant, ils semblent évidents.

Rien de simple dans cette affaire qui est une vraie guerre économique

L’hégémonie américaine sur les technologies est imposante. Surtout cette menace qui pèse encore plus avec l’administration Trump! Elle est capable d’imposer des représailles d’une manière ou d’une autre. Toutefois, elle permet aux concurrents de se trouver des marchés sérieux. C’est le cas de la France qui arrive depuis longtemps à vendre des avions, des hélicoptères, des armes, des satellites qui utilisent le numérique. Et il n’y a pas forcément de programmes informatiques dans lesquels les américains aient la moindre parcelle de propriété intellectuelle. Et pour ce qui concerne les processeurs, ce n’est pas plus compliqué. Avec les puces ARM qui sont anglaises d’origine et non pas américaines, on peut travailler.

Des exemples sur le numérique comme d’une arme stratégique

Il y a un exemple récent et évident du numérique comme arme stratégique qui est traduit par le RGPD, le règlement européen sur la protection des données personnelles des citoyens de l’union européenne. Pourquoi un tel règlement ? Parce que l’hégémonie américaine impose ses lois et qu’elle permettait aux états unis de pouvoir se servir de toutes les données, personnelles ou pas d’ailleurs, qu’elle voulait partout où il y a des sociétés américaines implantées dans le monde. Le RGPD a permis de prendre conscience de la valeur des données personnelles et de la protection des données personnelles. Elle oblige toutes les sociétés, associations, professions libérales, autoentrepreneurs, artisans et autres professionnels de prendre soin des données personnelles qu’elles détiennent.

Un projet de décret RGPD adapté par la CNIL en septembre 2019

Le projet de décret français sur le RGPD revu par la CNIL a été publié au journal officiel le 30 Mai 2019 pour des adaptations par decret de la loi en cours sur Septembre ou Octobre 2019. Globalement, tous les professionnels, y compris les multinationales américaines implantées en Europe qui doivent détailler, comme les autres, ce qu’elles font de la protection des données personnelles de leurs employés, de leurs clients, de leurs fournisseurs, de leurs sous-traitants, etc.  Et ces données personnelles doivent être protégées du mieux que l’on puisse, ne peuvent pas être utilisées de manière inappropriée, …

Le sacre de la protection des données personnelles

Les données personnelles sont devenues officiellement sacrées et Google, avec 50 Millions d’euros d’amende en janvier 2019 a été un des plus lourdement sanctionnés en France par la CNIL à cause de la légèreté avec laquelle il traite les données personnelles. Certes, le RGPD ne traite pas que du numérique mais aussi du papier, mais si on regarde les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft), on voit bien que le papier n’est qu’une poussière dans un océan de données numériques.

Et si on revient sur le côté stratégique de la chose, cette amende infligée à Google en France, et rien ne dit que les autres états membres de la communauté européenne ne vont pas faire pareil, montre bien la réponse du berger à la bergère en matière de représailles économiques possibles sur l’échiquier mondial. Et nous n’en sommes qu’au début !