Intelligence artificielle, en avoir peur ou pas ?

Intelligence artificielle, en avoir peur ou pas ?

L’intelligence artificielle s’invite un peu partout depuis ces derniers mois, Olivier Pavie, consultant et formateur dans les Nouvelles Technologies, le Numérique et le Marketing Digital nous fait part de son ressenti et des limites du fantasme.

C’est un peu une tribune que je m’offre aujourd’hui sur ce sujet de l’intelligence artificielle. Ce qu’il faut commencer par noter, c’est que l’on parle d’intelligence artificielle. L’intelligence par définition mentionne la faculté d’adaptation. On imagine facilement sur cette base que l’intelligence artificielle consiste à donner de la faculté d’adaptation à des machines conçues par l’homme. Or, des experts en psychologie ont essayé de définir l’intelligence en 1986 sans arriver à bâtir un consensus.

Définition de l’Intelligence Artificielle

Andreas Kaplan et Michael Haenlein définissent l’intelligence artificielle comme « la capacité d’un système à correctement interpréter des données externes ». Ils y ajoutent l’apprentissage de ces mêmes données. Mais aussi l’utilisation de ces enseignements afin de réaliser des objectifs et des tâches spécifiques avec une adaptation flexible. Si on se réfère à cette dernière définition, on peut dire que l’on est dans le concept de système expert. On en parle depuis déjà des dizaines d’années! On est dans l’ouvrier, l’agent de maîtrise et l’aide à la décision? Ceci avec des systèmes capables d’évaluer et proposer mais pas de décider… Ou alors par programmation spécifique selon des cas bien identifiés et identifiables. On peut l’imaginer très simplement pour la voiture autonome : la voiture autonome sera-t-elle capable d’être intelligente ou considérée comme telle ?

Une intelligence artificielle vraiment intelligente ?

Ce que je veux essayer de démontrer c’est que cette intelligence n’est pas intelligente au sens propre. On ne peut la considérer comme ayant un esprit de décision final sur un cas inconnu. Le propre de l’homme est de faire des choix à n’importe quel moment. Que ce soit en territoire connu ou inconnu, à bon escient et certainement aussi à mauvais escient. Mais tout ceci étant fait dans une lucidité qui lui est propre à un instant t, basée sur ses connaissances, son expérience et ce qu’il est lui-même. Ce qui manque à mon avis dans la définition de l’intelligence en général, c’est l’esprit de décision, la lucidité et l’être que l’on est chacun. L’intelligence n’est pas qu’une adaptation.

L’intelligence, une simple adaptation ?

Comment imaginer que la pomme de pin soit intelligente ? Ce qui fait qu’elle existe, c’est que le pin a naturellement subi des contraintes liées au feu. Ces contraintes ont impliqué que son existence ne réside que dans le fait que les seules mutations qui auront survécu sont celles qui la font exister aujourd’hui. C’est Darwinien. Seul l’homme possède de l’intelligence à la fois innée, acquise et sujette à interprétation, déduction et décision. La machine à « intelligence artificielle » ne sera dangereuse pour l’homme que lorsque l’homme lui donnera le pouvoir de décision final, ce qui serait pure folie si on se réfère aux lois très intelligentes d’Asimov sur le rôle du robot et sa fonction de sauvegarder l’humain à tout prix.

En définitive, avoir peur ou pas de « l’intelligence artificielle » ne dépendrait-il pas du niveau d’optimisme de chacun sur l’humanité. Evidemment, ceci n’engage que moi.

 

Olivier Pavie

 

Sternberg, Robert J., and Douglas K. Detterman, eds. What is intelligence?: Contemporary viewpoints on its nature and definition. Praeger Pub Text, 1986.
1. ↑ a b c d e f g h et i (en) « Intelligence: Knowns and unknowns. », American Psychologist, vol. 51, no 2,‎ 1er février 1996 (ISSN 1935-990X et 0003-066X, DOI 10.1037/0003-066X.51.2.77, lire en ligne [archive], consulté le 11 février 2017)
Andreas Kaplan; Michael Haenlein (2019) Siri, Siri in my Hand, who’s the Fairest in the Land? On the Interpretations, Illustrations and Implications of Artificial Intelligence, Business Horizons, 62(1), 15-25 [archive]

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